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6 décembre 2024 : Journée d'étude à Strasbourg



Vendredi 6 décembre 2024

Université de Strasbourg, MISHA, salle de conférences


Violences, agressions, chocs, blessures, infections, invasions, les qualificatifs ne manquent pas pour désigner des situations très diverses, de la blessure physique à l’agression d’un pays par un autre, en passant par le forçage des fermetures d’un bâtiment et les traumatismes psychiques, mais qui semblent présenter des analogies. Des disciplines différentes : biologie, psychologie, sociologie des organisations, relations internationales, sont sollicitées par le terme d’effraction. Celui-ci est ici choisi pour sa polysémie, qui recouvre un processus commun : l’atteinte brutale et inattendue d’un système par un agent extérieur, qui rompt ses défenses, son enveloppe, et pénètre à l’intérieur.


L’image de l’effraction permet d’explorer différents concepts, convoqués dans des disciplines également différentes, offrant ainsi des passerelles pour les faire dialoguer entre elles.


C’est ainsi que l’idée d’effraction peut être approchée à travers le concept de stress, qui désigne en biologie l'ensemble des réactions d'un organisme soumis à des pressions ou contraintes de l'environnement. En psychologie et en psychanalyse, ce sont davantage les termes de trauma et de traumatisme qui seront sollicités. L’un désigne le choc violent qui provoque la blessure physique et/ou psychique, l’autre les conséquences de ce choc sur le psychisme. Ils délimitent ainsi un vaste champ d’études, celui des mécanismes de sauvegarde d'ordre psychique, neurobiologique et physiologique qui peuvent se mettre en place à la suite d'un ou de plusieurs évènements générant une charge émotionnelle non contrôlée et dépassant les ressources du sujet. L’effraction peut être à la fois physique et psychique : coups et blessures, viol ou autre abus sexuel, accident, harcèlement moral, insultes et dénigrements sous relation d’emprise… Le trauma se présente comme une effraction du réel dans la représentation, auquel fait écho le traumatisme comme tentative de métaboliser le réel brut en une réalité : processus à la fois pathologique et adaptatif, sur lequel appuyer possiblement un traitement, une thérapie…


On peut se poser la question de ce qui spécifie formellement une effraction par rapport à d’autres sollicitations contraignantes ou agressions. La rapidité, la brutalité de l’évènement est-elle un critère distinctif ? Peut-on considérer qu’une effraction implique une atteinte des frontières, une déchirure de l’enveloppe ? Un cambriolage par effraction dans le domaine privé, un viol ou la pénétration d’une lame dans le corps, l’effraction d’une cellule par un virus impliquent une représentation spatiale : quelqu’un ou quelque chose est entré dans un espace fermé en forçant cette fermeture, pour y déposer quelque chose ou occuper les lieux. Faut-il désormais s’en débarrasser, retirer ce qui a pénétré, ou bien peut-on s’en accommoder, l’intégrer, l’assimiler ? Quels sont les processus homéodynamiques de crises et d’adaptations qui jalonnent l’effraction et permettent le passage d’un état d’équilibre à un autre ?


L’état d’impréparation du système, la surprise, sont-elles en cause ? Les modes de réaction, de réponse du système à l’effraction sont-elles spécifiques ? La figure de l’effraction sollicite les concepts qui rendent compte de la manière dont il y est répondu : résistance, résilience, dissociation, fragilité, antifragilité… Les réponses à l’effraction sont-elles, selon les cas, adaptées, insuffisantes, exagérées, se retournant éventuellement contre le système lui-même à la manière de réponses auto-immunes ? On sait que le stress peut être lui-même négatif ou positif, avoir des effets de réagencement, de réorganisation du système, mais à quelles conditions ?


L’effraction est aussi un thème mobilisateur parce qu’elle se présente comme un évènement souvent inattendu qui interpelle : quel que soit le registre, mais surtout si des êtres humains sont impliqués, individuellement ou collectivement, elle surprend celle/celui qui la subit, mais aussi les observateurs, elle suscite la fascination, la révolte, la colère. L’émotion alimente la résonance médiatique. Le théoricien est a contrario incité à la prudence pour ne pas verser dans les explications binaires.


Ainsi, l’effraction est un phénomène qui devrait pouvoir se prêter à une description formelle générale, impliquant : le forçage de la frontière d’un système ; la rapidité ou la brutalité de ce forçage ; l’inattendu et l’impréparation ; une pénétration dans l’intérieur ; le dépôt de quelque chose ou l’installation de l’agresseur dans cet intérieur ; des processus divers de réponse adaptative.


Les contributions à cette journée d’étude exposeront notamment des pratiques qui visent à traiter les effets négatifs des effractions, que celles-ci soient biologiques, psychiques, sociales, territoriales, en particulier les thérapies et traitements des états post-traumatiques.


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Renseignements pratiques :


Entrée libre et gratuite dans la limite des places disponibles.


Lieu et accès :

Maison Interuniversitaire des Sciences de l'Homme Alsace

8 allée du Général Rouvillois

67083 Strasbourg Cedex

 


Téléchargez le programme :




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